Dominique Corazza - Muscadier (Le)


Ces quatre nouvelles bien que différentes ont le même objectif  : nous faire nous interroger sur la société actuelle et ses conséquences , la surconsommation.

Dans la première nouvelle, les écoles sont sponsorisées par des marques. Les élèves sont interrogés tous les jours sur des spots publicitaires et selon leurs réponses gagnent des bons d’achats. Un seul élève résiste, capable de s’évader malgré tout ce qui l’entoure. Il est la clé vers une nouvelle société.

Dans la deuxième nouvelle, la société est divisée entre ceux qui consomment et ceux qui ne le peuvent plus. Ces derniers se révoltent face à des clients de supermarché incapable de comprendre cette situation et qui se sentent en état de guerre. La fin de cette nouvelle interroge sur le devenir de l’humanité.

Dans la troisième, les manipulations génétiques ont donné naissance à une nouvelle espèce, les gloutons, vite devenus les animaux de compagnie favoris des enfants. Ces sortes de Barbapapa, gros consommateurs de produits en tout genre, sont utilisés pour accompagner les clients dans leurs courses tels des chiens. Mais à trop les admettre dans le cercle familial, de curieuses évolutions s’observent…

La dernière nouvelle se déroule dans un univers glaçant qui élimine les personnes ayant dépassé le stade d’obésité morbide. Elles deviennent des « recycleurs », ingérant de force de la nourriture pour produire ensuite une autre substance, jusqu’à ce que mort s’en suive. La narratrice, technicienne dans une telle usine, va reconnaître sa sœur dans ce stade ultime. Certes, elle s’était éloignée de celle-ci qui ne répondait pas aux règles de la société. Mais les souvenirs qui affluent en elle réveillent son sentiment de culpabilité et l’amènent à faire un choix difficile : lui épargner une épouvantable mort à petit feu en la tuant elle-même.

L’auteur réussit à chaque fois à peindre avec précision les sociétés dans lesquelles se déroulent ces récits. Des univers sombres, inquiétants car par certains aspects ils peignent le nôtre en devenir.

Chaque nouvelle utilise la notion de « temps de cerveau disponible », selon la formule d’un ancien directeur de TF1 c’est-à-dire le laps de temps très court durant lequel le cerveau du téléspectateur, préparé par le divertissement et la détente procurés par la TV, peut enregistrer les messages publicitaires. Cette notion est d’ailleurs devenue l’équivalent d’une monnaie pour les publicitaires et les patrons de chaines de télévision.

Maylis Cormont et Bernadette Poulou