Florence Aubry - Rouergue
Deux narrations alternées, l’une en pages blanches, l’autre en pages noires, font monter une tension qui ne se relâche qu’à la toute fin du récit. Pages blanches, la narratrice Effie, juste bachelière, est engagée dans un parc animalier qui propose des spectacles avec des manchots, des orques. Bonne nageuse, elle est très vite propulsée dans la piscine avec Titan, orque mâle remarquable par sa couleur noire. Mal dans sa peau, Effie trouve vite du plaisir dans son travail. Jusqu’au jour où elle réalise que le bien-être des animaux passe bien après leur rentabilité. En parallèle,en pages noires, un autre narrateur, mystérieux – rien ne permet d’identifier ce je – raconte l’histoire de cet orque. Sa capture, d’une brutalité inouïe, puis ses passages dans d’autres parcs, la mort de son dresseur. Une jeune femme qui croyait avoir réussi à créer des liens. Puis, la mort d’un ivrogne qui a osé entrer de nuit dans le bassin. Mais ce « je » est aussi parfois l’orque lui-même Bernadette Poulou
qui raconte sa prison, les souffrances que lui infligent les autres orques. La tension monte avec la menace dont le lecteur comprend qu’elle concerne Effie, qui pourrait bien être la prochaine victime.
Quand ce narrateur, pages noires, se fait connaitre, le puzzle se met en place. Mais la tension ne retombe pas. L’issue du récit, à la fois dénonciation de la maltraitance des animaux captifs et délivrance de Effie, permet de clore sur une note optimiste. Le roman est dur, la violence constante et le lecteur ne sort pas indemne de la lecture.
L’auteure indique en fin de livre avoir écrit ce livre après avoir vu un documentaire, Blackfish de G. Cowperhaite, sur Arte qui l’a bouleversée. Elle réussit à nous bouleverser à son tour.