Florence Cadier - Talents Hauts


Ce court roman frappe par sa dureté : à l’état de sidération qui saisit le narrateur quand sa mère meurt à ses côtés dans un accident de la route, s’ajoute le désir de vengeance qui l’anime car, sans aucun doute pour lui, son père en
est responsable. De même qu’il est responsable du chagrin récent vécu par sa mère quand les relations dans le couple sont devenues difficiles. Le narrateur y trouvait son compte, il s’était tellement rapproché de sa mère qui prenait appui sur lui. L’auteur rend avec une grande justesse, l’impossibilité de faire son deuil, de supporter la douleur du père, des grands-parents, du petit frère. De même la progression du désir de vengeance qui ne cesse d’envahir le narrateur est rendue avec finesse. Aussi, quand il apprend que son père projette de répandre les cendres dans un lieu aimé de sa femme, une cabane en montagne, il sait que c’est là qu’il doit tuer son père. Pourtant, le doute s’insinue en lui. C’est bien son père qui prend soin du petit frère. Mais, retournement inattendu qui forme rupture dans le déroulé narratif : le narrateur en voyant avancer son père et son frère, chacun portant une urne, comprend qu’il est mort lui aussi. Cette fin déroutante que rien dans le récit ne prépare laisse une curieuse impression…

Bernadette Poulou