Petit, Xavier-Laurent - Ecole des Loisirs


Ce récit mené à la première personne met en scène Felitsa, la narratrice, sa mère garde forestière d’une immense étendue de taïga aux confins de la Russie, proche de la frontière chinoise. Le braconnage y est courant, les dépouilles de tigres en particulier se vendent à prix d’or, les félins étant dotés de pouvoirs extraordinaires dans la pharmacopée chinoise. La garde forestière lutte dans la mesure de ses moyens. Elle a à coeur de transmettre son
expérience de la nature à sa fille qu’elle emmène avec elle dans ses tournées. La protection d’une tigresse qui vient de mettre bas deux petits est centrale dans le récit et le lecteur est pris par le suspense. L’auteur campe avec force les personnages : chacun a sa part d’ombre, de complexité. La vieille institutrice, restée à proximité du camp de prisonniers où son mari a trouvé la mort dans une époque stalinienne pas si lointaine. Le petit frère, Pavka, qui exprime par le dessin tout ce qu’il perçoit du monde qui l’entoure. Les braconniers, cupides certes, et misérables. Le roman mêle les descriptions du village coupé du monde
une bonne partie de l’année, des maisons délabrées, des rues boueuses ou poussiéreuses, et la nature merveilleusement évoquée. Les bruits, les odeurs, les impressions étranges qui s’en dégagent parfois. Un roman d’une grande richesse.

Bernadette Poulou