Rafik Schami - Ecole des Loisirs


Excellente idée que de rééditer ce roman en forme de journal intime. Il éclairera le lecteur sur la Syrie d’il y a quelques années. Le narrateur appartient au petit peuple syrien où toutes les communautés se côtoient. La pauvreté les rapproche, l’entraide
les réunit. Il ne s’agit pas d’idéaliser un passé qui contient déjà en germe les violences à venir. Mais à travers le récit des journées du narrateur, le lecteur découvre l’incroyable patchwork dont est fait ce pays. C’est sa richesse et sa fragilité. Avec l’enfance qui s’achève, le narrateur prend conscience des menaces qui pèsent sur cet équilibre fragile. En souhaitant devenir journaliste, métier qu’il apprend auprès d’un ami qui sera emprisonné pour les critiques formulées à l’égard du gouvernement, le narrateur apprend son pays. L’émotion le dispute au cocasse, l’inventivité dont font preuve ces apprentis de la liberté d’opinion suscite une admiration amusée. Le lecteur avance dans la lecture, le coeur serré, en découvrant ce tableau d’un passé pas si lointain. Les évènements actuels en font presque – car les menaces étaient bien là déjà – sinon un paradis perdu du moins un pays où des gens, modestes, vivaient en bonne intelligence. Voilà un livre à mettre bien en évidence sur les rayons de librairies, de bibliothèques.

Bernadette Poulou