Elsa Valentin - Atelier du poisson soluble

Illustrateur : Fabienne Cinquin

Grave grève, révoluture et manifle…Vous voilà dans l’histoire de « deux soeurettes zouvrilleuses qui zouvrillaient dans une uzine qui fabricolait des zabits de louxe » : c’est l’univers de Elsa Valentin dont on avait
adoré Bou et les 3 ours. Vous vous régalerez aussi de cet album d’anthologie par sa langue créative entre
Rabelais et Claude Ponti : farcie de mots-valises ( raflécupérer, renvirées), d’anagrammes (trapron) de mots transformés par une orthographe phonétique (les Zabits, les zézés) ou déformés par une prononciation
approximative (merchi, pas zuste, les zeurssop ), sa langue invente (la vie est easy-miam… ou on est raide-ficelle), redonne de la vivacité aux expressions usées : « elles gagnaient des miettes et quelques légumes… avant de gagner des épluchures ! ». Ce festival lexical est au service d’une histoire d’actualité, celle d’une grève où les ouvrières refusent de laisser partir les machines parce que le trapron, qu’elles n’ont jamais vu, décide de délocaliser, les mettant au chômage. Elles se fondent en coopérative ouvrière, une belle histoire de solidarité et de prise en main de sa vie. Les images de Fabienne Cinquin sont « classe » et d’une épatante modernité, avec des cadrages cinématographiques, des effets caricaturaux (ah le banquet des zézés !), des références à des tableaux célèbres de Delacroix ou Hockney. Au final, un album pour tous, tonique et qui fait du bien.

Claudine Charamnac-Stupar