Elle s’appelait Gudule…
C’est ce nom, à nul autre pareil, aux sonorités étranges, sans âge, sans sexe, sans particules ni tralala, qu’elle s’était choisi, renonçant à porter son vrai nom qu’elle jugeait trop pompeux, trop cérémonieux.
Gudule… comme bidule, libellule, crépuscule ou encore hululer sous la lune. Écrivain nocturne. Elle s’enveloppait dans la quiétude de la nuit pour écrire, goulument, avidement. Affutée, telle une sentinelle, elle saisissait avec vigueur des idées qui fâchent, des sujets qui heurtent : le Sida, l’amour inconvenant entre un enseignant et son élève… Appliquée et impliquée, elle sondait intimement et déminait précautionneusement des crimes niés, des histoires tues. Libre de ses choix d’écriture, solitaire mais solidaire, Gudule fixait sans ciller l’actualité et décrivait les secrets de ses contemporains. Impitoyable et bienveillante à la fois. Aujourd’hui, paupières closes, Gudule repose. Son regard pétillant, derrière ses lunettes rondes, nous manque déjà.
Marga Veiga Martinez, NVL.