3/6 ans Graines de lecteurs

Edito

De 3 à 6 ans, graines de lecteurs, promesses de bonheurs … Après le corps à corps des tout-petits avec l’objet-livre (cf N° 196 juin 2013), voici qu’il s’agit de mettre le livre à distance, à la bonne distance pour distinguer ses messages et ses paysages. De 3 à 6 ans s’ouvre le livre-fenêtre par lequel l’enfant voit défiler le monde connu et inconnu, émerger l’autre, et un autre particulièrement : lui-même. De 3 à 6 ans, ces graines de lecteurs se préparent à « une féconde fréquentation des livres » (Pierre Sève). S’ils ne savent pas lire encore, ils acquièrent pourtant un comportement de lecteur : ainsi apprennent-ils que du début vers la fin, il y a un sens qu’on ne peut inverser ; mais on peut reculer de quelques pages pour retrouver l’image aimée, l’image énigme ; on peut recommencer au début… Ils apprennent que lire, c’est garder en mémoire ce qu’on a vu dans les pages précédentes, que si le personnage n’est plus là – mais où est-il ? - on va le retrouver - tournons la page… Ils comprennent que les mots entendus ouvrent des chemins dans l’image, qu’on peut construire le sens, parfois les sens possibles. De 3 à 6 ans, ces graines de lecteurs nécessitent pour s’épanouir dans leur relation aux livres une attention et des soins prodigués par les médiateurs. A la maison, à l’école, à la bibliothèque, il faut nous faire jardiniers… Primauté de la lecture de récits à l’école maternelle (Marie France Bishop), livres « pour faire parler les enfants et les parents » (Sophie Coucharrière), Grandimages à commenter (La maison est en carton), comptines à répéter (collections Pirouette ou Tit’zic), on voit partout le rôle capital de l’accompagnant qui est de mettre (ou permettre la mise) en mots et en voix. Avant que l’enfant lui-même ne découvre le code : « Je suis en CP »…

Claudine Charamnac Stupar, présidente de NVL/CRALEJ