Arrêts sur images

ÉDITO

En 2012, NVL avait fait un Numéro Spécial Illustrateurs. Dix ans après, quel état des lieux ? L’évidence, c’est qu’en un siècle, les jeunes lecteurs sont pas-sés d’une disette iconographique à un gavage d’images, ce n’est pas anodin quant à la réception.

Nous avions invité des étudiants de plusieurs IUT Métiers du livre à repé-rer les dernières tendances de l’image et concevoir des animations associées. Que de propositions intéressantes ! Nous leur savons gré d’avoir inspiré ce numéro spécial, fruit des échanges stimulants que nous avons eus avec les étudiants.

Il est vite apparu que nulle synthèse, nul axe unique ne seraient envisageables. Le numérique semblait devenu prépondérant dans la fabrique d’images, lui qui permet même d’imiter les anciennes techniques de dessin. Mais iI est devenu en fait un outil parmi les autres. Les autres, ce sont ceux qui disent le travail de la main, outils classiques, primitifs ou si courants qu’on ne les cherche pas au rayon Art : Bic, feutres, crayons, crayons de couleur... Des albums récents nous ont lancé sur des pistes singulières et c'est à plusieurs arrêts sur images que nous vous convions donc.

D’abord les images de deux auteurs qu’il serait erroné de réunir par le terme d’abstraction. Eva Offredo géométrise ses images jusqu’à en faire des signes pictographiques. Michel Galvin, au vu de la couverture, vous semble abstrait ? Ce sont pourtant les personnages d’une narration et les petits « lisent » parfaitement que Rouge est un caillou qui roule et joue avec ses copains... Puis les images de Marjolaine Leray qui parsèment le dossier et je me suis penchée sur ces illustrations « pauvres » dont les techniques minimalistes laissent perplexe ou dont la maladresse du trait est si affichée qu’il faut bien écouter ce qu’elle dit. C’est plutôt au rapport texte/image que s’intéressent Régis Lefort, à travers la persistance de la poésie illustrée, et Hélène Raux, notant que, après les classiques, les romans jeunesse se voient à leur tour mis en bande dessinée.

Enfin, Marianne Berissi met en évidence de fascinantes mises en abyme, des brouillages de frontières : transgressions troublantes jusque dans les rapports livre/ auteur/ lecteur/ personnage qui mettent à mal le pacte de lecture habituel.

Enfin, est-ce vraiment à un au-delà de l’image qu’Hélène Audard nous invite avec les livres à réalité augmentée ?Par ailleurs, la recherche de Cécile Vergez-Sans fait entendre des Paroles d’illustrateurs autour de leur pratique enrichissante des ateliers d’illustration.

Notez que le numéro de décembre reviendra sur un fait sociétal, le handicap : quelles représentations en donne le livre jeunesse ? Vos remarques et suggestions sont bienvenues. Bonne rentrée à vous !

 Claudine Charamnac Stupar, Présidente de NVL-CDE