Le noir dans l’album jeunesse

15,00

Orthographe p2
Édito p3
LE NOIR DANS L’ALBUM JEUNESSE
Au Musée Soulages de Rodez, journée d’étude, Marie-France LECUIR p5
La grande histoire (courte) du noir en littérature jeunesse et entretien avec Olivier Douzou, Sophie VAN DER LINDEN p7
Antoine Guilloppé et les dentelles d’Akiko p15
Sombre Crapule (à propos de Patrick Couratin), Loïc BOYER p16
Visibilité et lisibilité du noir dans l’album d’art, Françoise GOUYOU-BEAUCHAMPS p25
Les gros solitaires de Gaya Wisniewski p33
Le noir et la lumière dans l’œuvre illustrée par la photographie, Nathalie QUENTIN p34
Noir c’est noir… ou pas seulement ? Formes et représentations du noir et blanc dans les imagiers pour enfants, Eleonore HAMAIDE p41
Les monstres cachés de Fanny Pageaud p51
La Geste du noir dans les albums de Thierry Dedieu, Claudine C.S STUPAR p52
Michel Galvin, peintre de la couleur, broie-t-il du noir ?, Marianne BERISSI p59
Chiara Armellini : le noir une couleur comme une autre p64
Les albums dont on aurait bien aimé vous parler p65

UGS : 239 Catégories : ,

Quel privilège d’examiner la question du noir dans l’ album jeunesse dans le cadre inspirant du Musée Soulages à Rodez ! LEO (Livre et Enfance en Occitanie) y a organisé une journée d’étude, sous la présidence de Sophie Van der Linden. Cinq auteurs-illustrateurs invités, Olivier Douzou, Antoine Guilloppé, Gaya Wisnievski, Fanny Pageaud, Chiara Armellini, se glisseront ici en brefs inter- mèdes de beauté, chacun à son tour mis dans la lumière du noir.

Sublime paradoxe du noir. Qui n’est pas l’opposé de la couleur : 1946, l’exposition retentissante de la fondation Maeght « Le noir est une couleur » invi- tait à repenser la place du noir dans la peinture. Qui n’est pas non plus l’opposé de la lumière comme l’affirment les physiciens, ce noir lumière dont Soulages nous a montré les chatoiements...

Dans ses passionnants entretiens avec Françoise Jaunin1, rappelant que le noir est la couleur des origines, celle des premières peintures connues, le peintre confie : « En peinture j’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas et qui, par contraste éclaire les couleurs sombres. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. Elle n’est pas de ces couleurs qui vous sautent au visage et vous remplissent les yeux. Le noir a une gravité, une puissance, une autonomie. Le noir est à la fois couleur et non-couleur. Il contient en lui toutes les autres couleurs et pourtant il est celui qu’on rencontre le moins dans la nature. Il induit donc un degré d’abstraction supérieur à toutes les autres... »

Ce rapport du noir à l’abstraction est au cœur de l’analyse que propose Eléonore Hamaide des nombreux imagiers pour tout-petits, dont elle démontre le pouvoir d’« enclencher une relation constructive au monde en passant peu à peu de la perception à l’intellection. » Françoise Gouyou-Beauchamps affronte les mystères et les richesses infinies du noir qui « entre visibilité et lisibilité... impose une dialectique qui révèle l’espace qu’il couvre... Le noir joue la carte du sens plutôt que celle des sens. » Présentant le personnage haut en couleurs (!) du dessinateur-éditeur prolifique Patrick Couratin, Loïc Boyer conclut aussi : « le noir ne dissimule rien, le noir révèle. Le noir n’est pas une part d’ombre, il est au service de la lumière, de la couleur... » Paradoxe que repère Marianne Berissi dans les albums de Michel Galvin qui malgré « ses rochers indigo ou vert tendre, et ses arbres cramoisis ou violets », fait dire à Pablo « Le noir est la plus profonde des couleurs ». D’où sa puissance dramatique que Nathalie Quentin met en lumière dans les albums illustrés de photos en noir et blanc de Sarah Moon ou Agnès Propeck. Et depuis l’évènement Yacouba, je rappelle qu’à en explorer la variété des effets graphiques, Thierry Dedieu met le noir « dans tous ses états » ! Enfin, quelques albums dont on aurait tant aimé vous parler et voyez la suite de la sélection sur le site NVL.

Claudine C. Stupar et Marianne Bérissi

Informations & ressources

Date de sortie : Mars 2024

Numéro de la revue : Le noir dans l’album jeunesse

Numéro de la revue : 239

Ressources :

Quel privilège d’examiner la question du noir dans l’ album jeunesse dans le cadre inspirant du Musée Soulages à Rodez ! LEO (Livre et Enfance en Occitanie) y a organisé une journée d’étude, sous la présidence de Sophie Van der Linden. Cinq auteurs-illustrateurs invités, Olivier Douzou, Antoine Guilloppé, Gaya Wisnievski, Fanny Pageaud, Chiara Armellini, se glisseront ici en brefs inter- mèdes de beauté, chacun à son tour mis dans la lumière du noir.

Sublime paradoxe du noir. Qui n’est pas l’opposé de la couleur : 1946, l’exposition retentissante de la fondation Maeght « Le noir est une couleur » invi- tait à repenser la place du noir dans la peinture. Qui n’est pas non plus l’opposé de la lumière comme l’affirment les physiciens, ce noir lumière dont Soulages nous a montré les chatoiements…

Dans ses passionnants entretiens avec Françoise Jaunin1, rappelant que le noir est la couleur des origines, celle des premières peintures connues, le peintre confie : « En peinture j’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas et qui, par contraste éclaire les couleurs sombres. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. Elle n’est pas de ces couleurs qui vous sautent au visage et vous remplissent les yeux. Le noir a une gravité, une puissance, une autonomie. Le noir est à la fois couleur et non-couleur. Il contient en lui toutes les autres couleurs et pourtant il est celui qu’on rencontre le moins dans la nature. Il induit donc un degré d’abstraction supérieur à toutes les autres… »

Ce rapport du noir à l’abstraction est au cœur de l’analyse que propose Eléonore Hamaide des nombreux imagiers pour tout-petits, dont elle démontre le pouvoir d’« enclencher une relation constructive au monde en passant peu à peu de la perception à l’intellection. » Françoise Gouyou-Beauchamps affronte les mystères et les richesses infinies du noir qui « entre visibilité et lisibilité… impose une dialectique qui révèle l’espace qu’il couvre… Le noir joue la carte du sens plutôt que celle des sens. » Présentant le personnage haut en couleurs (!) du dessinateur-éditeur prolifique Patrick Couratin, Loïc Boyer conclut aussi : « le noir ne dissimule rien, le noir révèle. Le noir n’est pas une part d’ombre, il est au service de la lumière, de la couleur… » Paradoxe que repère Marianne Berissi dans les albums de Michel Galvin qui malgré « ses rochers indigo ou vert tendre, et ses arbres cramoisis ou violets », fait dire à Pablo « Le noir est la plus profonde des couleurs ». D’où sa puissance dramatique que Nathalie Quentin met en lumière dans les albums illustrés de photos en noir et blanc de Sarah Moon ou Agnès Propeck. Et depuis l’évènement Yacouba, je rappelle qu’à en explorer la variété des effets graphiques, Thierry Dedieu met le noir « dans tous ses états » ! Enfin, quelques albums dont on aurait tant aimé vous parler et voyez la suite de la sélection sur le site NVL.

Claudine C. Stupar et Marianne Bérissi

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