Moi Méduse

Moi Méduse

Méduse fait partie des premiers êtres vivants de la Terre, descendante de la Mer et de la Terre. C‘est la seule mortelle de sa famille et d’une beauté sans égale. Passant ses journées à s’admirer, elle a causé la colère d’Athéna, colère accentuée par le viol de la jeune femme dans l’un des temples de la déesse par Poséidon. Jugée coupable, (pas très #metoo), la jeune fille se retrouve coiffée de serpents, avec des crocs de sangliers et des ongles de bronze. Ainsi condamnée, ses parents la pousse à l’exil avec ses sœurs qui doivent la protéger. Sur le chemin, Méduse découvre que son regard change ceux qui la regarde en statue. Vendue par ses sœurs, la jeune femme se retrouve face à Persée, demi-dieu qui aidé par différents dieux parvient à trancher la tête du monstre. De la blessure va naitre Pégase, le célèbre cheval ailé d’Hercule. Persée va utiliser le pouvoir de Méduse, pour sauver sa mère du joug d’un tyran, et finira par offrir cette tête à Athéna, les ennemies étant ainsi réunies à jamais.

Collection toujours intéressante surtout lorsque les personnages sont controversés. Méduse est en fait une victime de viol, puni à la place de son violeur.

Maylis Cormont

  1. Sylvie Baussier – Moi Méduse

Scrinéo, coll. Scrinéo mythologie, 2021, 10,90€, 9782367409184, dès 10 ans.

Face à face

Face à face

Roman sentimental sur le désir dans un amour défendu

Ivory, 18 ans, extrêmement belle, a un père multimilliardaire. Elle avait 4 ans quand sa mère a été assassinée sous ses yeux. Sa petite sœur et elle ont été mises en pension et surprotégées mais, après le bac, Ivory a obtenu de son père qu’il la laisse vivre seule à New York pour continuer ses études. Un soir où elle court dans Central Park, elle est enlevée, séquestrée quatre jours puis relâchée sans demande de rançon. Elle ne se souvient de rien car elle a été droguée pendant toute sa détention. Son père la laisse revenir dans son appartement mais lui adjoint un garde du corps, Sébastian, jeune et beau comme un Dieu, qui doit la surveiller et la protéger nuit et jour. Cohabitation difficile, Ivory, capricieuse, n’en fait qu’à sa tête et elle tombe amoureuse de Sébastian. Roman à l’eau de rose avec quelques passages se voulant érotiques ; long, à la limite ennuyeux, il finit étonnamment au beau milieu d’une action… y aurait-il une suite ?

Chantal Kaeuffer

2 Mercedes Ron / trad. (argentin) Nathalie Nédélec-Courtès – Face à face

Hachette, 2020, 17€, 9782017108566. Pour les 15/18 ans

Corps de fille

Corps de fille

Un roman sur une adolescente en pleine construction…

…face aux autres et à son nouveau corps, cet été-là tout change. Agathe, 14 ans, est élevée par une mère célibataire peu présente mais peut compter sur son voisin et meilleur ami, Sofiane qui l’épaule depuis le plus jeune âge. Cette relation fusionnelle  se relâche lorsque celui-ci tombe amoureux d’une jeune fille et la délaisse. Agathe se sent de plus en plus agressée dans ce monde d’hommes, et trouve refuge dans la boxe, terre de liberté, où elle s’abandonne face au sac et se construit. Ces temps de liberté vont lui permettre de s’affirmer et de prendre confiance en elle. Proie certes mais elle sort les griffes dès qu’on l’approche, un jeune homme en fera l’expérience.

Livre qui semble genré et pourtant, peut et doit être lu par tous, pour que les comportements évoluent.

Maylis Cormont

  1. Marie Lenne-Fouquet – Corps de fille

Talents hauts, coll. Ego, 2021, 8€, 9782362664120. 13 ans et plus.

Moi, Polyphème, cyclope

Moi, Polyphème, cyclope

Roman sur le mythe de Polyphème

Comme dans les autres romans de la collection, Polyphème est le narrateur de l’ouvrage. Il raconte sa vie de berger répétitive mais appréciable. Ses habitudes l’apaisent. Cette routine est mise à mal par l’arrivée d’un bateau grec, celui d’Ulysse qui navigue vers Ithaque après la guerre de Troie. Tout s’accélère, les hommes pillent la grotte du géant et tentent de le duper.  Un peu naïf, le cyclope leur fait confiance, il n’aurait pas dû, Ulysse l’aveugle lui crevant son seul œil, et ruse pour échapper à la rage du cyclope qui demandera à son père Poséidon de le venger.

Contrairement à d’autres romans de cette collection que j’ai pu lire, le passage à la première personne ne me semble pas apporter grand-chose.

Maylis Cormont

  1. Sylvie Baussier – Moi, Polyphème, cyclope

Scrinéo, coll. Scrinéo mythologie, 2021, 10,90€, 9782367409191. Dès 10 ans.

 

Bouzouk, l’inventivité verbale dans un Moyen-Age de fantasy

Bouzouk, l’inventivité verbale dans un Moyen-Age de fantasy

Gérard Moncomble/ illustr. MazanLa saga d’Achille Bouzouk.

Les Mange-Mémoire, tome 1.

Les fantômes d’Aham, tome 2.

La balade du Trouvamour, tome 3.

Dans les griffes de Ggrok, tome 4.

Editions Casterman. 2000, 2001. Épuisé, disponible en bibliothèque ou chez l’auteur. À partir de 10 ans.

mots-clés : Moyen Âge, fantasy, grimoires, jeux de mots, souvenirs

Maudit soit le voyageur égaré qui tombe entre les griffes de Mmandragore ! Car elle dévore sa mémoire jusqu’au moindre souvenir, avant de la recracher dans ses grimoires. Quatre, précisément, qui seront revendus au plus offrant.
Mais la dernière victime de Mmandragore se rebelle. Rester amnésique ? Plutôt crevailler, par Zout ! Ce jeune homme fougueux s’invente même un nom : Bouzouk ! Un Bouzouk qui entend bien retrouver ses quatre grimoires et savoir qui il est, en vérité.

En 2000, Gérard Moncomble, auteur prolifique pour la jeunesse (entre autres de Manon) proposait la série Bouzouk composée de quatre tomes.

Magnifiquement illustrée par Mazan (pour la collection chez Casterman malheureusement épuisée) qui propose des illustrations noir & blanc au crayon, La saga d’Achille Bouzouk mélange habilement récit merveilleux, fable humoristique avec parfois l’introduction de bulles de BD.

La saga est d’une grande inventivité, bourrée d’humour et de références qui redessinent le roman médiéval pour enfants. Moncomble a inventé tout un vocabulaire. Ainsi, on achète des choses avec des ducons et ceux à qui on a « mangé » la mémoire sont des Gogols : tous les codes du roman médiéval sont respectés avec un détournement des plus modernes. Car l’auteur, derrière un humour très décalé et une intrigue un peu folle, parle de sujets forts, notamment la quête d’identité et l’importance des souvenirs. Si Bouzouk a perdu la mémoire, il est fort probable que les souvenirs qu’il se crée en tentant de la retrouver, façonnent qui il est réellement. Ainsi, l’auteur, tout en se plaçant dans une arène médiévale (le passé), rappelle aux jeunes lecteurs l’importance de s’ancrer dans un présent et d’envisager son futur en choisissant soi-même sa destinée.

Les jeux de mots, sous-entendus, calembours et autres contrepèteries donnent au roman un rythme particulier transformant la lecture plaisir en plaisir des mots. Il faudra parfois creuser les références :  le nom même du héros n’est pas sans rappeler le bachibouzouk qui en turc signifie « sa tête ne fonctionne pas »…

Derrière cet effet délirant, l’intrigue est tout à fait cohérente et reprend les codes d’une quête initiatique d’un petit héros sans-peur à qui on a « chouravé » la mémoire. Si Lobel est le magicien des couleurs, Moncomble est sans aucun doute celui des mots !

Marie Barras