Bouzouk, l’inventivité verbale dans un Moyen-Age de fantasy

Bouzouk, l’inventivité verbale dans un Moyen-Age de fantasy

Gérard Moncomble/ illustr. MazanLa saga d’Achille Bouzouk.

Les Mange-Mémoire, tome 1.

Les fantômes d’Aham, tome 2.

La balade du Trouvamour, tome 3.

Dans les griffes de Ggrok, tome 4.

Editions Casterman. 2000, 2001. Épuisé, disponible en bibliothèque ou chez l’auteur. À partir de 10 ans.

mots-clés : Moyen Âge, fantasy, grimoires, jeux de mots, souvenirs

Maudit soit le voyageur égaré qui tombe entre les griffes de Mmandragore ! Car elle dévore sa mémoire jusqu’au moindre souvenir, avant de la recracher dans ses grimoires. Quatre, précisément, qui seront revendus au plus offrant.
Mais la dernière victime de Mmandragore se rebelle. Rester amnésique ? Plutôt crevailler, par Zout ! Ce jeune homme fougueux s’invente même un nom : Bouzouk ! Un Bouzouk qui entend bien retrouver ses quatre grimoires et savoir qui il est, en vérité.

En 2000, Gérard Moncomble, auteur prolifique pour la jeunesse (entre autres de Manon) proposait la série Bouzouk composée de quatre tomes.

Magnifiquement illustrée par Mazan (pour la collection chez Casterman malheureusement épuisée) qui propose des illustrations noir & blanc au crayon, La saga d’Achille Bouzouk mélange habilement récit merveilleux, fable humoristique avec parfois l’introduction de bulles de BD.

La saga est d’une grande inventivité, bourrée d’humour et de références qui redessinent le roman médiéval pour enfants. Moncomble a inventé tout un vocabulaire. Ainsi, on achète des choses avec des ducons et ceux à qui on a « mangé » la mémoire sont des Gogols : tous les codes du roman médiéval sont respectés avec un détournement des plus modernes. Car l’auteur, derrière un humour très décalé et une intrigue un peu folle, parle de sujets forts, notamment la quête d’identité et l’importance des souvenirs. Si Bouzouk a perdu la mémoire, il est fort probable que les souvenirs qu’il se crée en tentant de la retrouver, façonnent qui il est réellement. Ainsi, l’auteur, tout en se plaçant dans une arène médiévale (le passé), rappelle aux jeunes lecteurs l’importance de s’ancrer dans un présent et d’envisager son futur en choisissant soi-même sa destinée.

Les jeux de mots, sous-entendus, calembours et autres contrepèteries donnent au roman un rythme particulier transformant la lecture plaisir en plaisir des mots. Il faudra parfois creuser les références :  le nom même du héros n’est pas sans rappeler le bachibouzouk qui en turc signifie « sa tête ne fonctionne pas »…

Derrière cet effet délirant, l’intrigue est tout à fait cohérente et reprend les codes d’une quête initiatique d’un petit héros sans-peur à qui on a « chouravé » la mémoire. Si Lobel est le magicien des couleurs, Moncomble est sans aucun doute celui des mots !

Marie Barras

Lectures supplémentaires « Des usages des imagiers »

3.Martin Jarrie – Imagier du vivant
Seuil jeunesse, oct 2020, 15,50€ – 9791023513394. Pour tous
Mots clés : imagier, vivant, animaux, végétaux, réalisme

Pour tous, ce grand imagier est d’abord un beau livre, livre d’art à contempler les peintures de Martin Jarrie fascinantes par leur hyperréalisme, leur perfection mais aussi une patte /et une pâte, artisanales, qui donnent à sentir le velouté de l’abricot ou l’épaisseur de la laine du mouton. Animaux ou végétaux représentés sont ceux de la ferme, de l’enfance, dit Jarrie. La double page joue sur la double vue externe/interne ( la noix et son intérieur), sur des liens métonymiques (lapin/carotte, tulipe/oignon), ou parfois de subtiles comparaisons de couleur (par exemple l’écureuil et le potimarron). Ce côté ludique plaira aux plus jeunes quand les grands ne resteront pas insensibles à une forme de nostalgie. CCS

4.Elisabeth Brami /ill. Chloé du Colombier- Mimimagier
Casterman, 2020, 13,90€, 9782203208322. Pour les bébés

Un imagier éducatif qui lie gestuelle et sons Très intéressant, ce mini-imagier ! très « mimi » aussi par ses dessins simples
et vraiment charmants mais le mimi du titre fait référence à des mimiques, soit une gestuelle élémentaire que le bébé va associer à un mot ou son comme allo, beurk, coucou ou bravo, mots que prononcera l’adulte. Remarquable cette entrée dans le langage et la communication qui s’appuie aussi sur un premier usage du livre ! CCS

5.Didier Lévy /ill. Elis Wilk – Qui cache qui ? Bestiaire farceur
Rue du monde, 2020, 15,50€ -9782355046391. Dès 3 ans

Un imagier farceur !

Quel album original et gai ! Un bestiaire ? d’accord, on connait… Les animaux y sont juste tracés sur un blanc pur avec des traits multicolores qui les font vibrer, on aime ! Mais quand on découvre -comme le fera l’enfant que le mot censé nommer la bête ne correspond pas à l’image, on s’étonne, on veut comprendre … et on rit.
Ainsi, le texte s’intitule Le renard quand l’image montre un ours !? explication : « Le renard est très malin, sauf quand un ours s’assoit sur lui. Et là, il est surtout très… raplati. » !! Ainsi, la grenouille a pour dessin un corbeau ? celui-ci a confondu croasser et coasser « mais merci quand même pour ta visite », on adooore ! CCS

4.Marian Ruiz Johnson – Boum ! le grand imagier des onomatopées
Rue du monde, 2020, 16€ – 9782355046292

Imagier des bruits familiers

Bien différent, cet imagier de Rue du Monde qui prétend imager des bruits ! Images en situation, complexes, d’une vie de famille dans lesquels les bruits sont associés à une activité : tant le ronron du chat que le pschitt de maman qui se parfume ! Il y ainsi une suite qui rend le livre agréable à observer. Le plus intéressant est que cet album en fait est un apprentissage des codes et conventions de la représentation (tic tac, boum, slurp), ce qu’on trouvera à lire ensuite en BD ou tout autre littérature bien française où les chiens font waf waf, les pompiers pin pon et les téléphones bla bla bla…CCS

Imagiers à gogo

Martin Jarrie, Imagier du vivant

Seuil jeunesse, oct 2020, 15,50€  – 9791023513394. Pour tous

Pour tous, ce grand imagier est d’abord un beau livre, livre d’art,  à contempler les peintures de Martin Jarrie fascinantes par leur hyperréalisme, leur perfection mais aussi une patte /et une pâte artisanales  qui donnent  à sentir le velouté de l’abricot ou l’épaisseur de la laine du mouton. Animaux ou  végétaux représentés sont ceux de la ferme, de l’enfance  dit Jarrie. La double page joue sur la double vue externe/interne, la noix et son intérieur, sur des liens métonymiques (lapin/carotte, tulipe/oignon), ou parfois de subtiles comparaisons de couleur par exemple l’écureuil et le potimarron. Ce côté ludique plaira aux plus jeunes quand les grands ne resteront pas insensibles à une forme de nostalgie.

 

Elisabeth Brami, Chloé du Colombier- Mimimagier

Casterman, 2020, 13,90€, 9782203208322 Pour les bébés

Très intéressant, ce mini-imagier ! très mimi, aussi par ses dessins simples et vraiment charmants mais le mimi du titre fait référence à des mimiques, soit une gestuelle élémentaire que le bébé va associer à un mot ou son comme allo, beurk, coucou ou bravo, mots que prononcera l’adulte. Remarquable cette entrée dans le langage et la communication qui s’appuie aussi sur un premier usage du livre !

 

Marian Ruiz Johnson- Boum ! le grand imagier des onomatopées.

Rue du monde, 20209782355046292

Bien différent, cet imagier de Rue du Monde qui prétend imager des bruits !  Images en situation, complexes, d’une vie de famille dans lesquels les bruits sont associés à une activité : tant le ronron du chat que le pschitt de maman qui se parfume ! Il y ainsi une suite qui rend le livre agréable à observer. Le plus intéressant est que cet album  en fait est un apprentissage  des codes et conventions de la représentation (tic tac, boum,  slurp), ce qu’on trouvera à lire ensuite en BD ou tout autre littérature bien française  où  les chiens font waf waf, les pompiers pin pon et les téléphones bla bla bla.

Claudine Charamnac Stupar