La littérature jeunesse à Trinity College à Dublin

La littérature jeunesse à Trinity College à Dublin

La grandiose Long Room de la Bibliothèque de Trinity College à Dublin fait la part belle à la Children Literature , il n’y a pas seulement les classiques anglo-saxons, illustrations de Rackam et autres merveilles.  Sous vitrine, vous trouvez aussi  Hunger Games de Suzanne Collins, assorti de commentaires mettant en parallèle le tribut de jeunes gens envoyés à ces jeux mortels  avec  le tribut qu’Athènes envoyait en Crète dans le mythe de Thésée et du Minotaure. Au sujet d’ Harry Potter, on y signale que le mentor et gardien Dumbledore  est une  version de la figure de Merlin. Trinity College, université littéraire qui  a accueilli Jonathan Swift et Oscar Wilde avant Samuel Beckett et James Joyce…excusez du peu,  considère que la Littérature jeunesse y a sa place. Oyez, oyez…Claudine Stupar

Lire sur la vague à Hossegor : les 50 ans de l’Ecole des Loisirs

Lire sur la vague à Hossegor : les 50 ans de l’Ecole des Loisirs

C’est avec émotion que Jean DELAS, directeur général de la maison d’édition L’ECOLE DES LOISIRS a donné le coup d’envoi des trois jours de rencontres autour du 50e anniversaire de cette vénérable maison. Trente auteurs de la littérature de jeunesse étaient présents pour le célébrer.
L’après-midi du 15 mai 2015, trois tables rondes se sont succédé, entrecoupées par le récit des auteurs-maison de leur première fois à l’École des Loisirs. Certains ont mis en avant la grande liberté qui leur a été offerte, d’autres le caractère familial de la « maison », enfin Yvan POMMAUX s’est, lui, livré à un délicieux exercice de mime représentant les angoissants tête-à-tête entre auteur et directeur artistique.

Les tables rondes portaient sur trois sujets : les moteurs de l’écriture, l’impertinence et la peur.
Xavier-Laurent Petit a animé la première en interrogeant Jeanne ASHBE, Grégoire SOLOTAREFF et Susie MORGENSTERN sur ce qui les motivait pour écrire. Jeanne ASHBE dit écrire « pour laisser parler le bébé en elle », et pour exprimer son admiration pour l’intense et infatigable activité exploratrice des tout-petits. Elle souhaite écrire des livres qui « parlent vrai » pour toucher des petits humains qui ne parlent pas encore, mais aussi pour montrer la part d’ombre des bébés qui n’est « ni rose dragée ni bleu pastel ». Pour Susie MORGENSTERN, le crayon, le papier et les mots sont des moteurs intérieurs depuis la prime enfance. Se décrivant comme une militante de la lecture en tant que thérapie et réconfort, Susie MORGENSTERN s’avoue fonceuse, adepte du « just do it », peu perfectionniste, et dit-elle, « un peu imbécile heureuse »…Grégoire SOLOTAREFF ne pense pas aux enfants quand il écrit pour eux mais cherche à retrouver sa propre enfance et les sentiments qui y étaient associés.

Lors de la deuxième table ronde portant sur l’impertinence en littérature de jeunesse, c’est Dorothée de Monfreid qui a guidé les échanges entre Stéphanie BLAKE, Anaïs VAUGELADE et Colas GUTMAN.
Tous semblaient unanimes pour affirmer que tant qu’il y aura des normes et des règles à respecter, il y aura de l’impertinence dans la littérature pour enfants. Impertinence que Colas GUTMAN a distinguée de la provocation gratuite ou du cynisme. Pour Stéphanie BLAKE, l’enfant est impertinent de manière innée et des livres comme Fifi Brindacier sont une licence pour l’autoriser à l’être davantage. En tant qu’auteur, elle aime les personnages impertinents parce qu’ils sont moins lisses, moins ennuyeux, plus drôles, plus complexes, plus imprévisibles, et qu’ils dérangent et font réagir. Ils invitent l’enfant à repousser les limites et à montrer sa non-conformité. Anaïs VAUGELADE a souligné que les livres impertinents offre aux enfants une occasion d’avoir enfin le dernier mot face aux adultes.

Pour conclure l’après-midi, Geneviève Brisac a interrogé Malika FERDJOUKH et Claude PONTI sur le thème de la peur en littérature de jeunesse. D’après Claude PONTI, il existerait deux types de peurs : les peurs enfantines intemporelles telles que la peur de perdre ses parents, de ne pas être protégé, de souffrir de la faim, et des peurs d’adultes bien actuelles, dont celles d’offenser certaines religions, de s’en prendre à des valeurs traditionnelles… Se situant résolument du côté des enfants, C. PONTI pense qu’il faut les aider à faire face aux premières et regrette que les secondes visent la protection plutôt que l’ouverture sur la vie. A l’envie des parents de protéger leurs enfants de la cruauté du monde, il oppose le devoir de les y préparer, en trouvant les biais pour pouvoir TOUT leur dire. Parmi lesquels les livres qui permettent à l’enfant d’apprivoiser ses peurs archaïques et inconscientes par les mots et les images. D’autant qu’il est libre de sauter des pages, de s’y arrêter longuement ou, lorsque la peur est insoutenable, de fermer le livre et d’y revenir lorsqu’il se sent prêt. Un enfant qui aura connu ces peurs de papier pourra peut-être affronter de vraies peurs une fois adulte.

Une riche journée d’échanges.
Christine Agion, Marga Lopez, NVL

Elle s’appelait Gudule

Elle s’appelait Gudule

Elle s’appelait Gudule…

C’est ce nom, à nul autre pareil, aux sonorités étranges, sans âge, sans sexe, sans particules ni tralala, qu’elle s’était choisi, renonçant à porter son vrai nom qu’elle jugeait trop pompeux, trop cérémonieux.

Gudule… comme bidule, libellule, crépuscule ou encore hululer sous la lune. Écrivain nocturne. Elle s’enveloppait dans la quiétude de la nuit pour écrire, goulument, avidement. Affutée, telle une sentinelle, elle saisissait avec vigueur des idées qui fâchent, des sujets qui heurtent : le Sida, l’amour inconvenant entre un enseignant et son élève… Appliquée et impliquée, elle sondait intimement et déminait précautionneusement des crimes niés, des histoires tues. Libre de ses choix d’écriture, solitaire mais solidaire, Gudule fixait sans ciller l’actualité et décrivait les secrets de ses contemporains. Impitoyable et bienveillante à la fois. Aujourd’hui, paupières closes, Gudule repose. Son regard pétillant, derrière ses lunettes rondes, nous manque déjà.

Marga Veiga Martinez, NVL.

Guerre 14-18 et littérature jeunesse

Guerre 14-18 et littérature jeunesse

Dans ce mois de commémorations de 14-18, ne pas oublier la place des livres pour la jeunesse  pour transmettre la mémoire.

Ouvrez l’album deThierry Dedieu 14-18, Une minute de silence pour nos grands parents… (Seuil) : il  est  particulièrement essentiel car il s’adresse à nous tous, reliant enfants et adultes dans ces images qui s’impriment dans l’imaginaire plus que toute explication.

« Cet album est un monument aux morts de 14, tout le fracas et la souffrance rassemblés dans le sépia du temps qui passe. Le seul texte est plié dans une enveloppe à la fin, une lettre d’épouse à un Poilu. Cette histoire individuelle fait un écho poignant à l’histoire de tous qui traverse les images muettes de l’album. Vous avez dit « muettes » ?!…  » (NVL200 juin14)

Pour le reste, inlassablement, il nous faut redire, faire voir et entendre. Avec des mots simples. Comme dans l’émission de Noëlle Breham sur France Inter du 9 novembre:  comment la guerre de 14 a commencé ? redemande une fillette de 8 ans. L’historien a répondu en quelques phrases simples et fortes. En gros comme une dispute dans la cour de récré.Ne croyez pas que cette réponse  soit si simpliste.

Mais les romans jeunesse couvrent aussi tout le champ du savoir sur cette guerre, le connu, le moins connu, le longtemps tu aussi comme l’exécution des mutins ou la douleur des retours de soldats… Allez voir la riche bibliographie dispersée dans le numéro 200 de NVL Abécéguerre : de Sarajevo à Sarajevo.

Hommage

Hommage. La revue Griffon a mis la clé sous la porte.
Et c’est triste. Une revue qui meurt n’est pas remplacée, ça fait un trou dans le maillage de la culture et de l’esprit.
Nous avions bien des points communs :
la revue était née comme NVL dans les années 70 sous le titre Trousse Livres ; revue indépendante gérée par des bénévoles passionnés, elle faisait lien entre tous ceux qui sont concernés par le livre d’enfance et de jeunesse. Les valeurs qui les ont animés sont aussi les nôtres.
A tous ceux qui l’ont fait vivre, Salut.

Nous y étions #1

Les PtitsBerets
Journée professionnelle « La campagne… des livres », à Morlanne (64), le 7 novembre 2013 :

La revue NVL et le CRALEJ souhaitent soutenir et faire connaître les petites maisons d’éditions francophones. L’une de nous a ainsi pu assister à la Journée professionnelle « La campagne… des livres », organisée par l’agence régionale écla (écrit cinéma livre audiovisuelle) et la maison d’éditions Les P’tits Bérets, le 7 novembre dernier, à Morlanne dans les Pyrénées atlantiques.
La matinée fut l’occasion de découvrir les magnifiques locaux médiévaux et la diversité des propositions de l’équipe des P’tits Bérets: 30 livres illustrés parus en 3 ans, en différentes collections pour tous les âges, certains accompagnés de livrets pédagogiques, de livrets-jeux, d’expositions et d’ateliers. Une exposition présentant la chaîne du livre aux enfants et différents supports (affiches, sérigraphies, bijoux, etc.) reprenant les illustrations des livres sont également disponibles.
Pour en savoir plus sur Les P’tits Bérets: http://www.lesptitsberets.fr/
France bleue était là, vous pouvez écouter un rapide reportage de 5 minutes à l’adresse http://www.francebleu.fr/infos/meme-pas-peur/meme-pas-peur-l-atelier-les-p-tits-berets-morlanne-une-maison-d-edition-jeunesse-0

Au cours de l’après-midi, une table-ronde « Acteurs du livre en campagne… pourquoi et comment travailler ensemble ? » abordait les avantages et les inconvénients du travail en milieu rural, en confrontant les points de vues d’auteurs, bibliothécaires, enseignants, éditeurs, libraires.
Suite à des problèmes techniques, la restitution prévue n’a pu voir le jour.