Considérons les animaux
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CONSIDÉRONS LES ANIMAUX p 3
– La vaste constellation du vivant: la littérature jeunesse du point de vue de l’animal, Florence GAIOTTI p 4
– Le Roman des bêtes, une collection entre anthropomorphisme et naturalisme, Catherine FORMET-JOURDE p 13
– Comme toi je suis un animal : Antispécisme dans l’album contemporain, Anaïs PERRIN p 22
– Elmer ou la violence de deux mondes, Laure VARIS p 29
– Jefferson ou L’autre comme soi, Samuel BIDAUD p 31
– Le chien psychopompe dans la fantasy, Charlotte DURANTON p 37
– Changer (le récit sur) le monde: la cause animale dans les romans, Claudine CHARAMNAC STUPAR et NVL p 46
POÉSIE p 52
– Je suis fille d’histoires, Claudine CHARAMNAC STUPAR p 53
ÉCHO DE LA VIE DU LIVRE p 56
– A collectionner: Petit Patayo, Marie DUFON-ROCHE p 57
NOUVELLES LECTURES p 59
– sur la thématique Considérons les animaux
– hors thématique
ÉDITO
Les animaux humanisés en tant que miroir du lecteur sont un motif récurrent en littérature jeunesse- sujet traité dans le NVL 231- mais c’est seulement dans le documentaire qu’on s’intéressait aux animaux pour eux-mêmes. Certes contre la maltraitance animale, des voix s’étaient élevées depuis longtemps comme le rappelle Florence Gaiotti, coordonnatrice de ce dossier. Mais avoir de la considération pour l’animal, voilà qui semble nouveau.
Ce qui est nouveau, c’est le point de vue décentré, l’intérêt porté à l’animal « pour de vrai », le regard différent sur lui vu d’une part avec ses traits propres, spécificités, modes de vie, besoins, et d’autre part, dans ses relations avec nous, les hommes, dont l’impact sur son destin est toujours énorme, que l’animal soit domestique ou sauvage.
Ce qui est nouveau également, c’est que la littérature jeunesse l’a sorti du documentaire pour en faire un héros de fiction (ou de docufiction), en réutilisant intelligemment cet anthropomorphisme tant décrié qui prend alors une fonction essentielle : l’animal qui pense, parle, se raconte, suscite une empathie propre à générer une familiarité croisée de respect, pour cet « autre comme soi -même » comme le décrivent tant Samuel Bidaud dans l’émouvant Jefferson que Catherine Formet-Jourde dans le Roman des bêtes, où auteure et illustrateur jouent subtilement deux partitions différentes. Touché émotionnellement, le jeune lecteur sera alors prêt à comprendre les enjeux de la maltraitance animale, de la disparition des espèces et de la préservation de la biodiversité. Et peut-être à suivre la formule « Comme toi je suis un animal » jusqu’au bout de l’antispécisme qu’Anaïs Perrin étudie dans les albums. Dans les romans de fantasy, Charlotte Duranton montre que le chien y est très peu anthropomorphisé, et s’il est certes maintenu dans sa relation à l’humain, celle-ci est justement montrée comme une relation apaisée où le chien joue un rôle quasi métaphysique.
Pour les plus grands, la prise de conscience sera provoquée par des ouvrages centrés sur l’analyse implacable de la souffrance animale et la dénonciation violente de la responsabilité humaine et des atrocités longtemps banalisées : les animaux, à bonne école, peuvent alors y être cruels, comme dans la BD Elmer choisie par Laure Varis, revanchards comme dans ces romans d’anticipation et dystopies présentant des mondes inversés : l’homme, bête de somme, enfermé dans des zoos, élevé pour sa viande… peut y disparaitre carrément. Menaces brandies en SF depuis un siècle certes, il est significatif de voir aujourd’hui ces ouvrages réédités.
Du motif littéraire de l’animal, on est passé ainsi à une thématique sociétale qui réexamine tous les aspects de ce qui est devenu la cause animale, adossée à la prise en compte de la « vaste constellation du vivant ». La littérature jeunesse y tient sa place, concourant à rien moins que « changer le récit sur le monde pour changer le monde ».
Claudine Charamnac Stupar, Présidente de NVL-CDE
Informations & ressources
Date de sortie : Juin 2022
Numéro de la revue : Considérons les animaux
Numéro de la revue : 232
Ressources :
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