Philosopher avec les enfants ? Notre panorama critique

Des collections jeunesse dédiées à la philosophie

Vous trouverez présentées dans NVL la revue 224 les collections suivantes :

  • philozenfants, Nathan
  • philozidées, Nathan,
  • les petits albums de philosophie, Autrement
  • goûters philo, Milan
  • philofolies, Père Castor Flammarion
  • chouette ! penser, Gallimard
  • les petits platons
  • éditions du Cheval vert.

Les collections ci-dessus sont présentées par Laurence Breton dans NVL la revue 224 p35

  • Philo et autres chemins, La joie de lire, est présentée par Jean Claude BONNET p 48
  • philo et citoyenneté, L’Initiale, est présentée par Janie COITIT GODFREY p.51

Nous ajoutons ici  les collections :

  • Philosopher ? aux éditions Le Pommier. Cette petite collection est sous-titrée Des livres pour déplier sa pensée. Michel Puech fonde chaque ouvrage sur un verbe : Marcher, Expliquer, Jeter, Vouloir …dont il déplie tenants et aboutissants. L’esprit picorera avec plaisir ces carnets à loger en poche, illustrés léger.
  • Philo, chez Oskar. Isabelle Wlodarczyk y propose un questionnement philosophique à partir par exemple des Fables de La Fontaine ou de l’Odyssée. Ainsi, complétant notre numéro précédent sur Les mythes grecs en littérature jeunesse, rappelons que ceux-ci sont particulièrement propices à des interrogations sur les grandes questions métaphysiques comme sur des thèmes sociétaux. Dans L’Odyssée d’Homère pour réfléchir, Ulysse quitte Calypso en refusant l’immortalité qu’elle lui propose, ce qui amène à poser la question : Une vie réussie est-elle forcément longue ? ou Circé qui transforme en cochons les compagnons d’Ulysse n’interroge-t-elle pas sur des débats de société actuels : L’homme est-il un animal comme les autres ?

Des ouvrages spécifiques

  • Ni oui ni non, Tomi Ungerer , L’Ecole des loisirs 2019
  • La morale ça se discute , Michel Tozzi, Albin Michel, 2014,
  • Questions de philo entre ados, Oscar Brénifier, Seuil  jeunesse, 2007
  • Le livre des grands contraires philosophiques, Oscar Brénifier, Jacques Desprès, Nathan, 2007
  • Le tonneau de Diogène, Françoise Kérisel, Magnard , 2006
  • Sagesses et malices de Socrate, le philosophe de la rue- Christian Roche, Jean Jacques Barrère, Albin Michel, 2005
  • Les philofables, Michel Piquemal, Albin Michel , 2003
  • Le livre des philosophes, Laurent Déchery, Gallimard jeunesse, 1998

 

Des albums et fictions

Œuvres de littérature jeunesse, albums, BD, romans, que nous conseillons comme support de réflexion philosophique. Vous trouverez dans NVL la revue 224 des analyses ou commentaires  de ces livres :

  • Livre de la Lézarde, Yves Heurté, Claire Forgeot , cf article de Claudine C Stupar, NVL 224 p15
  • C’était pour de faux, Maxime Derouen, cf article de Pauline Bestaven, NVL 224 p 43
  • Genesis, cf  article de Elise Ternoy , NVL 224 p54
  • Guerre ! Et si ça nous arrivait , article de Arnaud Lopinot, NVL 224 p56
  • L’affaire Tournesol, Hergé, Casterman 1956,
  • Le monde d’Edena, Moebius, Casterman 1988,
  • Thoreau la vie sublime, Dan et Leroy, Le lombard 2012,
  • Alice sourit, Jeanne Willis , Tony Ross, Gallimard 2002,
  • Grain d’aile, Paul Eluard, J. Duhême,
  • L’enfant qui ne voulait pas grandir, Paul Eluard, J. Duhême, Pocket 1999,
  • Peut être que le monde, Alain Serres, Chloé Fraser, Rue du Monde, 2015,
  • Ma liberté à moi , Tony Slack Morrisson, Gallimard 2003,
  • Histoire à 4 voix, Anthony Browne, Ecole des loisirs 2000 : les 9 ouvrages précédents sont présentés dans l’article de Florence Louis NVL 224 p10

 

  • Wolf Erlbruch, La grande question, Editions Etre, 2003
  • Fran Manushkin et Ronald Himler, Bébé, L’école des loisirs, 1972
  • Christian Bruel et Nicole Claveloux, .., Thierry Magnier, 2001
  • Anthony Browne, Mon papa, L’école des Loisirs, 2002
  • Anthony Browne, Ma maman, L’école des Loisirs, 2005
  • Martin Waddell et Patrick Benson, Bébés chouettes, L’école des Loisirs, 1992
  • Vincent Cuvellier, Christophe Dutertre, La première fois que je suis née, Gallimard jeunesse, 2007
  • Arnaud Alméras-Robin, Cet été-là, Editions Sarbacane, 2009
  • Anette Bley, Quand je ne serai plus là, Hachette, 2005
  • Cyril Hahn, Boubou et grand-père, Casterman, 2009
  • Claude Ponti, L’arbre sans fin, L ‘école des Loisirs, 1992
  • Olivier Douzou, jojo la mache, Editions du Rouergue, 1993 :

les 12 albums qui précèdent sont recommandés par Julien Ledoux , NVL 224 p19

Dans l’article p58  nous avons classé par thèmes les albums suivants:

  • L’infini et moi, Gaby Swiatkwska, Kate Osford, Le Genévrier 2017
  • Quand j’étais petit, Mario Ramos, Pastel 1997
  • Comme son ombre, Laurent Cirelli, Prune Cirelli, L’étagère du bas, 2018
  • Drôle d’oiseau, Reynolds, Davies, Le Genévrier,
  • Marlaguette , Père Castor,
  • Ami ami, Rascal ,
  • Eléphant a une question, Lee Vand’en Berg,Katje Vermeire, Cotcotcot 2018
  • Vieille Tortue et la vérité brisée, Douglas Wood, Jon Muth, Le Genévrier 2015
  • L’empereur et le cerf-volant, Jane Yolen, Ed Young, Le Genévrier, 2011

Et nous vous conseillons aussi :

  • Comment Wang fô fut sauvé des eaux, Marguerite Yourcenar,

 

Claudine Charamnac Stupar

 

Lectures en supplément N°224

Lectures en supplément N°224

5.Arnaud Tiercelin, Olympe Perrier – Pourquoi le soleil aime la soupe

Editions L’initiale, 2018, 12€ -9782917637500.Dès 4 ans

Mots clés : grandir, légumes, soupe, Terre, Neptune, soleil

C’est par le biais de l’humour et de questions drôles que peuvent parfois poser les enfants que cet album aborde la nécessité de manger des légumes, et surtout de la soupe, pour être en bonne santé. Qui fait pousser les légumes ? Pourquoi poussent-ils dans la terre ? Pourquoi grandit-on ? Pourquoi le soleil existe?Jeu de questions-réponses qui se mordent la queue:

– « papa pourquoi je dois manger de la soupe ?

– parce qu’elle va te faire grandir

– papa pourquoi on grandit ?

– parce qu’on a mangé des légumes… »

On tourne en rond pour en revenir toujours à l’objectif parental qui est de justifier…la soupe !!! C’est traité avec beaucoup d’humour. Dans les images, même les légumes s’y mettent, en vantant leurs qualités : « on hydrate ton corps ! on est riche en vitamines ! et en minéraux aussi ! » Des bols de soupes de tous les pays du monde sont un clin d’œil. Cet album est bien sûr destiné à faire réfléchir sur la nourriture saine et sur son origine. Et peut-être aussi pour répondre à certains enfants qui pensent que les carottes poussent en super marché !!! Très bon album !

Janie Coitit Godfrey

3 Tomi Ungerer – Juste à temps !

L’Ecole des loisirs, nov 2019, 18,80€ – 9782211303828- Pour les grands

Mots clés : album, fin du monde, humain, vivant, solitude, raison de vivre.

Album testament de Ungerer sur la fin du monde

C’est le dernier livre de Tomi Ungerer disparu en 2019, un album d’une grande tristesse.  Grave, malgré des images si créatives du maitre. Le monde est quasi mort, les humains sont partis sur la lune, tout est noir, hostile, déshumanisé, rues vides, labyrinthes, seuls circulent des chars d’assaut mangeurs de plastique… Vasco est-il le dernier humain ? Guidé par son ombre bienveillante, il échappe à quantité de catastrophes, juste à temps ! faut-il voir de l’espoir dans la répétition de ce «juste à temps ! » ou n’est-il là que pour souligner les péripéties ? Vasco sauve et recueille un petit être, ce lien donne un sens à leur errance solitaire mais que leur lieu final soit en forme de gâteau n’apporte guère d’optimisme à ce récit apocalyptique que seuls des adultes fans d’Ungerer apprécieront.

Claudine Charamnac Stupar

3 Christiane Lavaquerie, Laurence Paix-Rusterholtz- Qui suis-je ? Le déguisement dans l’art

Seuil jeunesse, 2019, 17€-9791023512564, dès 9 ans.

Mots Clés : documentaire, histoire, art, déguisement, mythes, rêves.

Beau livre qui permet une promenade mentale à travers le monde de l’art, de l’histoire, des mythes, et développe une attitude plutôt philosophique.  Par le déguisement, les auteurs nous entrainent de façon ambitieuse vers la découverte de grands personnages de l’histoire, dévoilant leur personnalité dans un discours raccourci. La découverte ne s’arrête pas là, on pénètre ainsi le monde des artistes depuis les temps reculés et jusqu’à Spiderman, Batman… On voit les stratagèmes multiples qui ont fondé la trame de nos références culturelles, on nous y enseigne aussi les caractères des pères fondateurs de la nation. Cela nous amène un regard plutôt philosophique qui, loin de l’adhésion, entraine le sens critique. L’ouvrage a de subtilités qui ne le mettent pas à la portée de tous les lecteurs mais quel que soit leur âge ou leur ouverture d’esprit, il y aura toujours quelque chose à prendre de ce parcours sophistiqué mais impressionnant, ne serait-ce que par le jeu des images fortes et des fiches attirant le regard vers tel ou tel détail dont on explique l’origine et la raison d’être. Dès neuf ans mais il faudra aider le lecteur à déambuler dans ce champ de « savoir ».

Paule Bloch

4 Brigitte Smadja ­– Le cabanon de l’oncle Jo

Ecole des loisirs, 2020 (1996) . 5,80€ – 9782211306218. Dès 9ans

Mots-clés : jardin, banlieu, famille, deuil, résilience, chômage

Une famille de la cité, face au chômage, découvre la résilience.

Faire d’une décharge au milieu de la cité un jardin, lieu de toutes les convivialités, voilà qui redonne espoir. C’est ce que Lili qui a perdu son père depuis peu, découvre auprès de l’oncle Jo. Prostré depuis qu’il a perdu son travail, oncle Jo retrouve goût à la vie en entreprenant de défricher, nettoyer, le terrain vague-décharge qu’encadrent les immeubles de la cité, pour en faire un jardin. Avec une cabane ! Lili s’enthousiasme, soutient l’oncle Jo et en oublie son chagrin. Ce jardin ne durera que 2 ans mais il a redonné du sens à tous ceux qui vont en profiter, de leur fenêtre ou pour les barbecues de l’oncle Jo sa famille et ses nombreux amis. Le bulldozer aplanira tout, mais l’espoir restera, car ici ou ailleurs « Un jour tu verras on en construira un autre. » L’élan qui donne la force d’entreprendre, de s’investir tout entier pour réaliser un rêve, riche de sens, ici, planter, accompagner et récolter enfin pour partager…Voilà la leçon de résilience, d’espoir que reçoit Lily. Chaud au cœur et bonne lecture avec cette réédition toujours actuelle et bienvenue.

Marie Dufon Roche

  1. Julie Légère et Elsa Whyte /ill. Laura Pérez – Secrets de sorcières

Martinière jeunesse, 2019. 18€, 9782732491547, dès 9 ans.

Documentaire, sorcières, femmes, Nature, pouvoir

Documentaire sur comment devenir une sorcière

Ce documentaire a l’ambition de faire surgir la sorcière cachée en chacune des lectrices, non pas comme les méchantes mais plutôt comme les bonnes, proche de la Nature, du vivant mais aussi de ses sentiments.  Le livre débute par l’histoire des sorcières de l’antiquité à nos jours, s’arrêtant sur des évènements ou des personnages clés. Il marque ainsi la mise en lumière de cette sorcellerie, art, qui n’a plus rien de maléfique. Le livre se termine avec des conseils et des astuces pour avancer dans cette quête intérieure. Fait d’autant plus étonnant que tout le texte est à la première personne, incluant la lectrice d’office dans une sorte de sororité avec les autrices et l’illustratrice. Documentaire fort intéressant à des milliard de kilomètres des idées reçues, et donc très bénéfique pour le lectorat.

Maylis Cormont

4 Emile Zola / ill. Mayalen Goust – Thérèse Raquin

L’Ecole des loisirs, Illustres classiques, 2020. 14€ – 9782211302241, 13 ans.

Mots clés : Roman illustré, policier, amour, remords

L’œuvre d’Emile Zola abrégée et illustrée

Thérèse, jeune orpheline, est recueillie par sa tante Mme Raquin et  grandit auprès de son cousin toujours malade. De plus en plus renfermée, elle fait ce que l’on attend d’elle. Devenus adultes, les cousins se marient. Au fil des années, Thérèse se lasse de ce mariage et prend un amant très différent de son mari. Tous deux décident de tuer son époux pour vivre leur passion. Ils mettent leur plan à exécution et finissent par se marier. Mais brisés par les remords, ils ne ressentiront plus pour l’autre que du dégout. La passion initiale laissera place à la violence, physique et morale. Ils finiront par se suicider, incapables de vivre avec le souvenir de leur acte. Quel plaisir de retrouver ce roman étudié au collège ! La collection ILLUSTRES CLASSIQUES confie ces textes célèbres à des illustrateurs actuels également renommés pour attirer de nouveaux lecteurs. Les remarquables images pleine page de M. Goust rendent le tragique de ces êtres tout comme la rue qu’ils habitent, morne, triste et verdâtre. Elles complètent parfaitement le texte, jalonnent la narration et amèneront peut-être les jeunes à entrer dans l’œuvre de cet écrivain naturaliste qui, par ses mots, crée déjà des images.

Maylis Cormont

4 Marie Leymarie – Never ever

Syros, 2019, 17,95 € – 9782748526424. 13-15 ans

Mots clés : Roman, amis d’enfance, adolescence, amour

Entrée dans l’âge adulte

L’auteur a trouvé le ton juste pour mettre en scène une bande d’adolescents amis d’enfance. Un lieu les réunit : les tours qu’ils habitent en plein Paris.  Vies familiales dont ils taisent parfois les secrets, parcours scolaires différents, mais ils sont unis comme savent le faire ces bandes qui se constituent dès la maternelle. Jusqu’au collège, ils ont grandi ensemble. L’adolescence avec ses découvertes, ses rêves d’ailleurs, ne les sépare pas. Il y a quelque chose de l’instinct grégaire dans leurs liens. D’ailleurs, ils se protègent les uns les autres : Natacha joue sur son sex-appeal pour cacher sa détresse et son besoin d’amour, Franck joue l’original pour cacher le drame familial. La pratique du théâtre va les lier davantage. L’écriture de ce roman frappe par sa justesse, par sa connaissance des relations d’amitié chez les ados. Le sens du dialogue, le rythme entrainent le lecteur.

Bernadette Poulou

5 Séverine Vidal – Soleil glacé

Robert Laffont, 2020. 16,50 – 9782221248522. A partir de 14/15 ans

Mots-clés : roman ado, handicap, relation frère/sœur, secret familial.

La renaissance d’une jeune femme au contact de son demi-frère handicapé

Luce est à terre. Elle vient de se faire larguer par sms par Tristan. Déjà remplacée dans son lit. Elle est tellement secouée que l’annonce du décès de son père ne lui fait ni chaud ni froid : elle n’avait plus trop de contact avec lui. Ses parents étaient séparés depuis longtemps, sa mère et sa compagne tenaient davantage de place dans sa vie. Le jour de l’enterrement, le secret de son père lui explose à la figure, elle comprend tout, ses promesses non tenues, son absence, etc. : il avait une double vie. Elle aperçoit une femme avec une petite fille et un jeune homme d’une vingtaine d’années, comme elle ! Avec ce dernier, c’est un coup de foudre fraternel ! Pierrot, gauche et maladroit. Handicapé. Un roman bouleversant sur cette relation en dents de scie entre Luce et Pierrot. Luce veut rattraper le temps avec ce frère, elle déboule bille en tête, avec sa fougue, son sarcasme, son inconscience et se heurte à Pierrot, ses tocs, ses manies, ses listes, ses crises, ses fuites. Explosif ! Mais ils vont apprendre à s’apprivoiser avec un projet complètement fou ! Une écriture sensible et tendre. Un beau portrait de femme en quête de sens…

Julie Balland

  1. Catherine Ganz-Muller – Le libraire de Cologne

Scrinéo, 2020. 16€90 , 9782367407685, dès 14 ans.

Roman, Seconde guerre mondiale, Allemagne nazie, livres, amour, liberté

Un roman sur une résistance en Allemagne nazie

A Cologne, il y a une institution, la librairie Mendel, qui vend mais aussi prête des livres. En 1934, avec l’arrivée des nazis et les différentes lois anti-juives, le propriétaire fuit laissant son entreprise aux mains de son second Hans, secrètement amoureux de la fille de son patron. Hans va tout faire pour garder la librairie ouverte malgré l’aversion du IIIe Reich pour la littérature. Le jeune homme va d’abord devoir faire face à un pillage, perdant la plupart de ses trésors, premières éditions, livres du monde etc. Vient ensuite les bombardements avec l’avancée de la guerre mais Hans va tenir bon, la librairie ne va jamais fermer ses portes. La librairie va survivre à la guerre tout comme Hans qui va mourir en attendant le retour du précèdent propriétaire. Livre très intéressant qui montre l’importance de la culture face à la dictature et pendant les périodes de guerre.

Maylis Cormont

5 Arnaud Cathrine – Romance

Robert Laffont, Coll.R, 2020. 16,50€, 9782221216705.  A partir de 15/16 ans

 Mots clés : roman ado, premier amour, homosexualité,

Chronique d’un premier amour

Vince est lycéen à Paris. Il est bien dans ses baskets, tout roule pour lui. Pas de père mais pas grave ! Sa mère et lui sont très complices, et il peut parler de tout avec elle. Après, c’est un sanguin Vince, il dégaine rapidement les poings quand on le traite de tarlouze, p’tite pédale, pédé et autres injures homophobes ! Oui, Vince est gay et il l’assume complètement. Et là ce qui occupe son esprit jours et nuits c’est de connaître le grand amour celui avec un grand A. Il veut que sa première fois soit digne des films. Mais où le trouver ce Prince Charmant ? Pour les vacances de Noël, sa mère a réservé une semaine aux Canaries à Fuerteventura. Ils partiront avec Octave, son meilleur ami et sa mère. Là-bas, l’amour va lui tomber dessus… Un roman cru, les choses sont dites sans pincettes, mais c’est cela qu’un ado a envie d’entendre ! Vince désire et vit les choses intensément, il est bouleversant de sincérité. Encore un magnifique roman d’Arnaud Cathrine, dont je vous recommande la trilogie A la place du cœur.

Julie Balland

Histoire afro-américaine en littérature jeunesse

Histoire afro-américaine en littérature jeunesse

🎵« Au fond rien n’a changé, pas de paix, de justice. T’es toujours en danger seul face à la police. […] Comme si l’histoire n’était qu’une boucle, ils tueraient à nouveau Malcolm X. »🎵  Malcolm X, Daddy Mory et Taïro

Le 25 mai 2020, aux Etats-Unis un homme noir est mort, assassiné par un policier blanc qui appuyait son genou sur son cou. Cet acte au XXIe siècle rappelle malheureusement que le racisme qu’on espérait  disparu est toujours présent dans notre monde.

Le racisme n’étant pas quelque chose d’inné, l’éducation devrait permettre de l’éradiquer. La littérature est un atout pour cet enseignement, surtout la littérature jeunesse qui comme son nom l’indique s’adresse aux plus jeunes. La suite de cet article sera une petite bibliographie[1] commentée d’ouvrages de littérature jeunesse traitant de l’histoire afro-américaine.

L’Esclavage

Henry et la liberté, Ellen Levine/Kadir Nelson, Editions des Elephants, 2018.

Album bouleversant, Henry est un jeune esclave qui subit les mauvais traitements de ses maîtres. Il tombe amoureux d’une femme, avec qui il a des enfants. Un jour, tout le monde disparait, le maître de sa femme n’étant pas le même que le sien a vendu sa famille. Maintenant qu’il n’a plus rien à perdre il va fuir les états du Sud, et découvrir la liberté.

Harriet Tubman : la femme qui libéra 300 esclaves, Anouk Bloch-Henry, Oskar, Coll. Elles ont osé, 2019.

Harriet Tubman est une jeune esclave qui ne peut se résoudre à accepter sa situation précaire, telle une marchandise, elle peut être séparée de sa famille. Elle va donc fuir, et survivre à cette fuite. C’est déjà un certain exploit, mais cette héroïne ne s’arrête pas là, elle va repasser la frontière de nombreuses fois pour libérer d’autres esclaves au péril de sa vie.

Ces deux personnages n’ont pas accepté leur situation et ont pris les choses en main pour combattre le racisme ambiant. Malgré l’abolition de l’esclavage, certains blancs se sentent toujours supérieurs aux noirs. Les plus racistes se sont regroupés dans un clan, le Ku Klux Klan, qui terrorise la population noire. Le clan est évoqué dans des petits romans comme L’arbre aux fruits amers d’Isabelle Wlodarczyk chez Oskar. Un blanc est tué, des noirs sont accusés. La justice étant très expéditive, malgré leurs protestations les jeunes gens sont pendus, d’autant plus que le petit ami du mort aurait été violé. Le KKK reste très présent et s’opposera fermement aux mouvements pour les droits civiques, qui verront naître de fortes personnalités tel que Martin Luther King, ou mettront en lumière un geste, celui de Rosa Parks.

Rosa Parks

Les Etats-Unis qui ont aboli l’esclavage, continuent à travers la ségrégation raciale à nier l’égalité des droits entre blancs et noirs. Les noirs sont séparés des blancs, pour nombre de choses. Par exemple dans les bus le fond est réservé aux noirs. Ils peuvent s’assoir devant s’il n’y a pas de blancs et autrement doivent rejoindre l’espace réservé. Rosa Parks en 1955, va refuser de laisser sa place à un blanc et ainsi rester à l’avant du bus. Elle va subir nombre d’insultes mais restera assise jusqu’à son arrestation par les policiers. Ce geste très courageux est évoqué de nombreuses fois en littérature jeunesse, faisant de cette femme le symbole de la lutte contre le racisme.

La femme noire qui refusa de se soumettre, Eric Simard, Oskar, coll. Résistantes-Résistants, 2013

Rosa Parks, non à la discrimination raciale, Nimrod, Actes Sud Junior, 2014.

Le bus de Rosa, Fabrizio Silei/Maurizio A.C. Quarello, Sarbacane, 2011.

Martin et Rosa, Raphaële Frier/Zaü, Rue du monde, coll. Grands Portraits, 2013.

Rosa Parks tout comme Martin Luther King et d’autres icones noires sont présents dans I have a dream de Jamia Wilson et Andrea Pippins, publié chez Casterman, qui regroupe 52 personnalités noires ayant marqué l’Histoire. Ce livre permet de voir que l’histoire principalement blanche est aussi marquée par des noirs qui doivent toujours lutter.

Ecole

La ségrégation était aussi présente dans l’éducation, les écoles étant racialement séparées. Il a fallu attendre pour que certains élèves noirs puissent aller dans des écoles blanches.

A noter le merveilleux album Ruby tête haute d’Irene Cohen-Janca et Marc Daniau, qui montre la hargne des blancs contre cette petite fille noire, obligée d’aller à l’école escortée par des policiers. Il en est de même pour Les 9 de little rock d’Elise Fontenaille, édité chez Oskar ou Dorothy Counts d’Elise Fontenaille aussi édité chez Oskar. Que ce soit en album ou en roman, tous transmettent cette peur d’aller à l’école dans un pays où c’est un droit. Il faut faire face à la haine populaire à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de l’établissement, le racisme étant pour certains héréditaire.

Aujourd’hui

On pourrait supposer que le passage au XXIe siècle ait apaisé les tensions et pourtant il n’en est rien comme le prouve l’actualité avec les trop nombreux meurtres. L’opinion publique a changé, mais certains restent enfermés dans des clichés.

The hate U give d’Angie Thomas publié chez Nathan montre bien que la police tout comme dans les années 30 n’accepte pas l’innocence des noirs. Ce roman raconte la mort de l’ami de la narratrice tué par un policier qui pensait que le jeune homme allait sortir une arme. Des émeutes vont suivre ce meurtre et mettra la ville à feu et à sang.

RIEN NE CHANGE !

Il est très important d’ajouter à cette bibliographie les romans de Malorie Blackman, Entre chiens et loups. C’est une dystopie car ce sont les noirs qui ont le pouvoir. On remarque d’ailleurs très rapidement que les opprimés tentent de se rebeller, allant jusqu’à faire éclater une bombe et donc tuer nombre d’innocents. Transposer les rôles permet d’éclairer sous un nouveau jour cette histoire afro-américaine et peut-être que certains comprennent « Black lives matter ! ».

 

Pour aller plus loin, filmographie (totalement sélective selon mes visionnages)

The hate U giveBlack Panther (film) - Wikipedia

La couleur des sentiments

Le Majordome, une fresque sur l’histoire afro-américaine des champs de cotons à la maison blanche

Black Panther, premier super-héros noir

I am not your negro, Documentaire sur James Balvin et l’histoire des droits civiques

Dans leur regard, un groupe de jeunes noirs est accusés de viol, dans les années 70.

[1] Ouvrages reçus au Centre Denise Escarpit

 

Maylis Cormont

A paraître: « Philosopher avec les enfants ? »- NVL 224 – Juin 2020

A paraître: « Philosopher avec les enfants ? »- NVL 224 – Juin 2020

 » la philosophie, on a grand tort de la peindre inaccessible aux enfants », disait Montaigne, ce sont plutôt les adultes qui parfois restent cois devant les questions si profondes des enfants. Comment répondre ? Pourquoi et comment philosopher AVEC les enfants ?

Nous avons sollicité des philosophes, des enseignants, des auteurs, étudié des ouvrages et des collections entières, des revues aussi, qui se consacrent à ce qu’il faut bien nommer une « philosophie jeunesse ». Mais notre littérature jeunesse – ses albums, ses fictions, sans label philo –  n’ouvre-t-elle pas souvent cet espace pour penser qui est, selon les mots de Deleuze ( cf. introduction B. Poulou),  » suivre une ligne de sorcière » ?

Luis Sepúlveda

 

 

Quand on a eu une éducation franc-maçonne,

un grand-père anarchiste,

un engagement précoce au parti communiste…

Quand on a été garde du corps de Salvador Allende,

que l’on a vécu un coup d’état,

que l’on a été condamné à 28 ans de prison, commués en années d’exil…

Quel genre d’ouvrages écrit-on pour la jeunesse ? Que veut-on transmettre aux générations futures ?

Luis Sepúlveda se présentait comme un homme du sud. Du sud austral.

Sa relation avec le Chili, le pays sismique qui l’avait vu naître était une relation orageuse, constituée d’amour et de haine, c’est sans doute pour cela qu’il était un grand voyageur, un citoyen du monde, un amoureux des peuples primitifs et un porte-parole de la préservation de la nature.

Ce grand lecteur, friand de récits d’aventures âpres, qui affectionnait Jules Verne et Francisco Coloane affirmait que sa seule patrie était la langue espagnole, son seul horizon, la mer, espace d’ouverture, espace des possibles.

Luis Sepúlveda aimait la vie et les être humains même et surtout pendant les heures les plus sombres quand seules la camaraderie, l’entraide, l’humour et la fidélité leur permettent de survivre au pire.

Ses personnages parfois désabusés mais non dénués d’humour incarnaient des valeurs intemporelles telles que l’humilité, la valeur d’un serment, la foi en la parole donnée, la force de l’amitié résistant à la morsure du temps.

Dans ses récits pour la jeunesse, il encourageait ses petits lecteurs à faire fi des moqueries, des critiques, des convenances sociales, à défendre ce en quoi des enfants vierges de tous préjugés pourraient croire dur comme fer : la tolérance, la transmission, le partage d’expériences, l’abolition des conflits inter-races, inter-espèces, inter-classes et la fin des rapports de forces dominants-dominés.

Dans le récit Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler   imaginé par le romancier en 1996, une mouette gestante à l’agonie soutire trois promesses à un chat « domestique » patachon.

Quand on est un chat, vrai de vrai, en digne représentant de son espèce, on se fait entretenir, on se prélasse au soleil à longueur de temps, on contemple avec envie des oiseaux qui pépient, on rejette toute forme de contrainte et on n’accepte pas d’obéir à l’appel de son nom.

Quand on est un félin, et un mâle de surcroît, on a un statut à défendre dans son quartier. On est un fier matou, dur de dur, désinvolte et nonchalant.

Quand on est un chat créé par Luis Sepúlveda, on se laisse émouvoir par sa proie toute désignée au point de surmonter son instinct naturel de prédation.

Quand on est ce chat-là, on s’engage à couver l’oisillon qui nous a été confié, à le nourrir, à l’élever et à lui apprendre à voler.

Un chat, tel qu’on le conçoit, ne sait, ne peut et ne volera jamais. Pour autant, le chat créé par Luis Sepúlveda, devra saisir le mécanisme de l’envol, la force du vent, l’équilibre du corps pour être en mesure de transmettre à son petit protégé la faculté et la grâce d’échapper aux lois de la gravité.

Ce chat-là devra mettre de côté sa fierté pour demander conseil, demander de l’aide, s’entourer d’alliés, dévier de son destin tout tracé, abandonner sa zone de confort.

La promesse que le chat met un point d’honneur à  accomplir et la lourde responsabilité qu’il accepte d’endosser, est la chance de découvrir en lui, en soi, des ressources insoupçonnées, une incitation à s’ouvrir aux autres, une occasion unique de se dépasser.

Dans notre société hyperconnectée, déshumanisée, Sepúlveda louait l’humanisme. Il militait pour la lenteur, le goût des choses simples, le plaisir des contacts bien réels, incarnés.

Il plaidait pour le respect des animaux, des forêts et des océans.

En ce mois d’avril 2020, c’est dans une petite ville espagnole située à une trentaine de kilomètres de l’océan Atlantique, que Luis Sepúlveda, après un mois et demi de lutte acharnée, a rendu les armes face au Covid-19.

Marga Veiga Martinez

Bibliographie

  • 1996 : Historia de una gaviota y del gato que le enseñó a volar, ouvrage de littérature d’enfance et de jeunesse Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, traduit par Anne-Marie Métailié, Paris, Métailié, 1996 (ISBN 2-02-030043-5)
  • 2013 : Historia de Mix, de Max, y de Mex

Publié en français sous le titre Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, traduit par Bertille Hausberg, Paris, Métailié, coll. « Bibliothèque hispano-américaine », 2013 (ISBN 978-2-86424-910-8)

  • 2014 : Historia de un caracol que descubrió la importancia de la lentitud

Publié en français sous le titre Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, traduit par Anne-Marie Métailié, Paris, Métailié, coll. « Suites », 2017 (ISBN 979-10-226-0726-1)

  • 2016 : Historia de un perro llamado Leal

Publié en français sous le titre Histoire d’un chien mapuche, traduit par Anne-Marie Métailié, Paris, Métailié, 2016 (ISBN 979-10-226-0521-2)

  • 2018 : Historia de una ballena blanca publié en français sous le titre Histoire d’une baleine blanche, traduit par Anne-Marie Métailié, Paris, Métaillé, 2019 (ISBN 979-10-226-0901-2)